Voici plusieurs mois qu’un certain « coronaminus » nous embête, chamboule nos habitudes, nous empêche de voir nos proches et de les embrasser, nous empêche d’exercer notre travail comme on le voudrait… Ce même « coronaminus » a peut-être apporté aussi un peu de positif à chacun d’entre nous.
Plusieurs mois que nous vivons un ascenseur émotionnel: nous voyageons entre inquiétude, incertitude, solitude, peur, tristesse, colère mais aussi joie de retrouver les nôtres avant de devoir à nouveau nous en éloigner. L’amour, l’empathie et la solidarité sont également très présents dans tout ce mic-mac d’émotions, de sensations, de ressentis.
Je m’adresse à vous dans ma position d’adulte, d’institutrice, de parent… Et si l’on se mettait aujourd’hui dans la peau de nos enfants? Comment vivent-ils la situation? Posent-ils des questions? Expriment-ils leur mécontentement ou au contraire leur joie?
Nos enfants s’approprient la situation chacun à leur façon et il est important d’y être attentif. Ils absorbent beaucoup de choses et sont capables d’une grande adaptation. Telle une éponge, ils peuvent prendre la forme que l’on souhaite. Il est utile de temps en temps de presser ces petites éponges.
Tout d’abord, en tant que parents, nous voulons les protéger et les préserver. Mais il ne faut pas oublier qu’ils ont besoin d’être informés et de donner du sens à tout ce qui se passe. Prenez le temps de les questionner sur ce qu’ils savent de la situation. Ecoutez-les et apportez-leur les précisions dont ils ont besoin. On entend toutes sortes d’informations, que ce soit à la télévision, à la radio, à l’école ou dans les conversations d’adultes. Ce n’est pas facile pour nos petites têtes blondes de faire le tri dans tout cela. C’est une perte de contrôle pour eux. Nous savons que les enfants, surtout les plus jeunes, ont besoin de stabilité, de rituels et de repères. Lorsque la situation leur échappe, cela peut être difficile à vivre. C’est pourquoi, il est important de leur montrer qu’on les implique dans le nouveau mode de vie. Ils se sentent ainsi responsabilisés et ça leur donne l’impression de reprendre un peu de contrôle.
Par ailleurs, dans la même optique, les parents ont tendance à masquer leurs inquiétudes. Au contraire, les enfants ont besoin que vous leur parliez de ce qui vous tracasse et que vous vous montriez rassurants. Ils pourront ainsi donner du sens aux émotions ressenties.
Enfin, accueillez leurs émotions. Les albums de jeunesse et les films peuvent être un bon point de départ pour discuter de ce qu’ils ressentent. Et s’il est compliqué pour vos petits loups de mettre des mots sur les émotions, invitez-les à les dessiner, à les mettre en scène, à les mettre en musique. Laissez place à la créativité. Nos bambins sont très doués pour cela.
« Lorsqu’un enfant se retrouve confronté à une difficulté, il regarde ses parents pour voir non seulement ce qu’ils en disent mais l’ensemble de leur comportement afin d’apprendre ce qu’il doit ressentir et comment réagir. Les messages envoyés par les parents dans ces moments formateurs construisent peu à peu la notion que l’enfant a de lui-même et de sa relation aux autres. »
Daniel Goleman
Fanny Royen